Je vois souvent des entrepreneurs qui veulent créer une entreprise, une start-up parce qu’ils ont une bonne idée. Je leur réponds qu’ils n’ont qu’une seule idée et avoir une idée unique n’est pas une bonne raison pour démarrer une aventure entrepreneuriale, c’est même une très mauvaise raison. J’ai moi même au moins 10 idées par jour, je ne vais pas créer 10 entreprises par jour pour autant.
Alors…
Le problème n’est pas la. On a trop diffusé ce mythe auprès des entrepreneurs que la fondation d’une entreprise, la création d’une aventure entrepreneuriale commence par une idée et ce n’est absolument pas le cas. La création d’une start-up c’est avant tout la volonté de résoudre un problème qu’un entrepreneur a identifié. Quelque chose qui vous empêche de vivre, quelque chose qui vous obsède. Et cette démarche va être le socle à de nombreuses idées. Car pour un problème donné il existe rarement une seule solution et trouver la solution optimale à un problème donné cela peut prendre beaucoup de temps.
Cet article concerne des idées de start-up que peut avoir un entrepreneur principalement dans des domaines technologiques et scalables, c’est un peu comme une économie d’échelle : lorsque vous servez un client cela vous coûte moins cher lorsque vous avez servi le client précédent et ainsi de suite. Les start-up a Business model scalable ont en général des coûts fixes élevés avec des coûts variables très faible.
Le monde technologique est un monde qui est caractérisé dans le fait que cette révolution numérique est en train d’ouvrir des solutions même dans des domaines et secteurs où il n’y a pas de technologie. Par exemple Amazon est avant tout un logisticien et à l’origine de cette société il n’y avait rien de technologique mais juste la volonté profonde de vouloir régler un problème constaté : c’est à dire d’être livré d’à peu près tout, le plus rapidement possible et le moins cher possible. Technologiquement il n’y a aucune révolution, par contre l’idée en elle-même répond a un problème et à un besoin qu’on ne soupçonnait pas le potentiel. En reprenant cet exemple d’Amazon vous pouvez voir simplement un site qui vend des objets à des utilisateurs mais en fait l’idée innovante est qu’Amazon a résolu tous les problèmes que pose une livraison efficiente à des millions d’utilisateurs à travers le monde. Et en disant cela on comprend mieux la profondeur et la pertinence du business model d’Amazon, sa profondeur stratégique, sa profondeur d’exécution par rapport à l’idée de départ.
Ce qui est révélateur est la littérature qu’on peut trouver sur les méthodes d’Amazon, sur leur aventure entrepreneuriale. Il y a un nombre considérable de livres sur ce sujet.
Le plus terrible lorsqu’on cherche des idées de start-up c’est d’essayer d’aller dans des catégories, des domaines qui existent déjà. Et si vous réfléchissez un peu à ce qui a été créé et qui a marqué l’univers entrepreneurial de ces 20 dernières années on est toujours face à des pionniers qui réinventent leur catégorie. Prenez le cas d’AirBnb, cette société a commencé par une plate-forme concernant l’hébergement chez l’habitant, mais qu’est-ce qui va les empêcher demain de nous offrir la possibilité de réserver une chambre d’hôtel de la même façon qu’on réserve un studio chez l’habitant. Ou est la distance entre réserver un appartement chez l’habitant, réserver une petite maison en Espagne et réserver une chambre d’hôtel. Finalement tout cela peut très raisonnablement se retrouver dans les offres de services de AirBnb. Nous ne serions pas étonnés de voir demain, par exemple, cette nouvelle offre de service.
Vous comprenez bien ce que AirBnb essait de résoudre, ce n’est pas de vous trouver une chambre chez l’habitant. AirBnb est tout simplement une offre forte pour résoudre un problème : ou vais-je dormir pendant mon voyage ? Lorsqu’on comprend cette différence, on comprend le business model d’AirBnb. On comprend mieux comment ils parviennent à lever des fonds importants car c’est le potentiel et la perspective qui intéressent les investisseurs plutôt que le business model actuel.
C’est pour cela qu’une idée de start-up peut soit amener à un échec, soit développer la vision d’un potentiel très important encore insoupçonné au départ. Une fois que vous avez capté votre cible, votre communauté qu’est-ce qui vous empêche de proposer en plus des chambres d’hôtel, une villa ou simplement une chambre j’ai habitant. À travers tout cela c’est finalement une même réponse au problème de départ qui est de savoir où dormir.
Si vous voulez avoir une bonne idée de start-up il faut raisonner avec une vision globale correspondant au marché et moins regarder le petit périmètre de l’innovation que vous pensez être une très bonne idée. En conclusion sur ce point, retenez que si vous ne gênez personne c’est que ce que vous proposez n’intéresse personne. Le trait commun à travers tout cela c’est ce que disent bien volontiers les entreprises de la Silicon Valley : il faut changer le monde et pour changer le monde il faut plus se concentrer sur le problème que sur les solutions car à chaque problème correspond un potentiel de marché.
D’ailleurs Henry Ford l’avait dit : « si j’avais écouté tout le monde j’aurais fait des chevaux plus rapide ». Vous voyez bien l’approche qui est finalement de comprendre le problème du déplacement. Henri Ford n’a pas essayé à tout prix de répondre frontalement à une demande de marché ou à essayer simplement améliorer une offre existante. Il y a malgré tout quelques succès dans une évolution d’un produit ou un service existant face à une concurrence déjà bien installée. Mais les grands succès de ces 15 dernières années sont finalement des approches nouvelles pour régler des problèmes très simples qui concerne beaucoup de monde.
La bonne idée doit choquer et étonner le marché. L’opportunité entrepreneuriale se trouve dans les problèmes que l’on connaît nous-mêmes. Résoudre un problème que l’on rencontre c’est résoudre un problème que d’autres ont sûrement rencontré. Cela amène des idées organiques. Le premier avantage c’est que cela prouve que le problème existe. Le deuxième avantage c’est que si vous êtes honnête avec vous-même vous vous rendrez compte que le problème à résoudre est important ou si c’est juste un épiphénomène. Il n’y a rien de pire que de s’intéresser à des problèmes insignifiants.
C’est là que se trouve une difficulté lorsqu’on n’a identifié un problème, c’est d’avoir l’honnêteté de considérer que c’est un véritable problème et que la solution apportée résoudra une situation pour beaucoup. Certains font la démarche de regarder les autres pour identifier un problème, procéder de cette façon est très difficile car vous ne savez pas si le problème vécu par les autres est important pour eux. Cela laisse la place à l’interprétation d’un ressenti. Et savoir dire les choses est beaucoup plus compliqué que d’analyser ce qu’on vit soi-même.
Donc l’autre méthode est de regarder mais il y a une très grande distance entre ce que les gens disent et ce qu’ils vivent véritablement. Si vous fabriquez un produit et que vous rencontrez un enthousiasme important c’est évidemment un signe positif car aujourd’hui il n’est plus nécessaire de produire pour vendre, vous pouvez vendre avant d’avoir fabriqué votre produit. C’est pour cela que certaines start-up font des préventes.
Autre point, ne sous-estimez pas toutes les grandes idées et certain succès qui ont pris naissance depuis une niche. Penser simplement à Google qui était au début le moteur de recherche de Stanford donc une niche très particulière qui est devenu un outil du quotidien dans le monde entier. Et vous pouvez prendre la plupart des entreprises qui comptent aujourd’hui, vous vous apercevrez quelles sont partis finalement d’une niche.
N’hésitez pas à vous appuyer sur le désespoir et la frustration pour comprendre un problème à fort potentiel. Il est plus facile de vendre un comprimé pour faire passer la migraine à une personne plutôt que des vitamines pour qu’il aille mieux.
L’illusion pour une start-up qui a une idée qui concerne une niche est de croire qu’elle va rester enfermée dans cette niche. Mais déjà réussir dans une niche c’est avoir réussi face à un problème donné en apportant une solution donnée. C’est une première belle marche qui peut vous donner un accès à d’autres opportunités, à d’autres niches, à d’autres idées de startup. Je vous confirme que c’est la première barrière à passer. C’est le plus difficile car lorsque vous connaissez un succès, il est plus facile de sentir les évidences d’un nouveau marché. Cela met plus de chance de votre côté pour réussir à nouveau mais certains s’appuient trop sur ce premier succès et c’est souvent à ce moment que le premier échec arrive aussi. Réussir c’est être en perpétuelle vigilance et perpétuelle remise en cause du modèle que vous créez.
Vous pensez peut-être avoir la prochaine idée du siècle ? Et bien vous n’êtes pas seul car beaucoup ont de grandes idées, mais une personne qui a eu une bonne idée et qui sait la mettre en œuvre il y en a beaucoup moins. Donc faites les choses, travaillez votre idée, créez votre société car il y a une seule ressource qui est irremplaçable c’est le temps. Vous pouvez très bien vous lancer et échouer dans ce cas vous perdrez votre travail, de l’argent mais vous ne perdrez pas votre temps car vous aurez appris. La personne qui réfléchit pendant deux ans avant de se lancer ou la personne qui veut se lancer mais laisse passer le temps, est en situation d’avoir perdu cette source irremplaçable.
Par ce graphique très simple vous voyez que les mauvaises idées et les idées qui ne rencontrent pas de succès voient à leur intersection un potentiel de bonnes idées. Au début l’idée de la start-up est éloigné du centre et finalement éloigné de la bonne idée. C’est à force de tester, de mesurer, de comprendre les feed-back et de modifier son approche que vous tendez vers le centre du graphique c’est-à-dire vers la bonne idée. Quand on parle de grandes start-up et des grands noms de la Silicon Valley qui ont réussi, ils ont soit cheminé d’une idée à une autre vers l’idée géniale que tout le monde connaît aujourd’hui, soit ce sont des « anomalies » et ils ont tout de suite trouvé la bonne idée mais dans ce cas c’est la mise en œuvre, l’exécution qui peut être longue.
Ce graphique montre aussi la différence entre détermination et obstination. La détermination vous mènera vers le centre même si vous en êtes très éloigné. L’obstination vous laissera éloigner du centre vous laissant croire que vous avez une bonne idée alors quelle mauvaise ou qu’elle résout un problème insignifiant.
Et ne croyez pas que d’être le premier à avoir la bonne idée est une bonne chose. Cette recherche perpétuelle d’être le premier dans un domaine donné fausse parfois la perception du réel problème.
Les marchés fragmentés sont aussi une source de potentiel d’idées fabuleusement importantes. Prenez l’exemple des cours de langue. Apprendre l’anglais est possible avec des centaines de propositions et de méthodes. Répondre à cette fragmentation du marché peut résoudre un problème très important et donc rencontrer un très grand succès. Mais sur ce marché apporter une méthode supplémentaire parmi les autres vous fera au mieux quelques clients.
Alors à travers tout cela ne perdez pas de vue que la bonne idée d’une start-up pour un entrepreneur doit avant tout créer de la valeur pour vos clients. Le résultat d’une équation complexe du succès d’une start-up c’est la création de valeur.
Franck BRUNET
Pour les Entrepreneurs aventuriers et passionnés
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