Connue pour aider des ménages en situation de surendettement, la Fondation Crésus lance sur le même modèle un service d’accompagnement gratuit dédié aux entrepreneurs en difficulté. Car trop nombreux sont les entrepreneurs qui perdent pieds facent aux difficultés. Une aide extérieure est parfois difficile à accepter mais souvent utile pour surmonter les épreuves.
Après un an de test, l’association de prévention de l’exclusion financière et du surendettement par l’éducation financière, la fondation Crésus s’apprête à lancer une plate-forme d’accompagnement s’adressant spécialement aux entrepreneurs en difficulté. Ces derniers pourront y trouver à partir du mois de mars prochain un suivi personnalisé et gratuit comprenant un diagnostic de la situation, des conseils pour redresser les comptes, éventuellement une médiation avec les créanciers. L’essentiel de l’accompagnement se déroulera à distance avec le cas échant la possibilité pour le représentant Crésus de rencontrer l’entrepreneur.
Eviter la spirale de l’échec
Avec l’explosion de l’entrepreneuriat en France, ce nouveau point d’appui répond à un vrai besoin. Créer sa boîte est une aventure : un projet sur deux ne passe pas le cap des cinq ans. En testant la plate-forme, en collaboration avec Paris Initiative Entreprise et Klesia, l’association strasbourgeoise a pu toucher du doigt la réalité des difficultés.
Une cinquantaine de dossiers ont été traités, en majorité des petits commerçants. 70 % d’entre eux avaient des problèmes avec leurs fournisseurs. Plus de la moitié avaient des retards URSAAF et 40% des dettes au RSI. La même proportion ne pouvait plus payer leur crédit bancaire. « L’ennui, c’est que dans la majorité des cas, ces dirigeants se retrouvent seul, explique Jean-Christophe Eber, responsable du projet à la Fondation Crésus. On en parle rarement à ses fournisseurs, à son banquier ou à ses proches. Et tout le monde n’a pas les moyens d’avoir un bon comptable. Très vite, on est pris dans une spirale d’échecs qui mène droit dans le mur. »
Le fonctionnement du dispositif sera calqué sur celui dédié aux ménages depuis 2008. L’entrepreneur n’aura rien à payer et le suivi peut durer autant que nécessaire. Dans le pire des cas, il va servir à stopper l’activité dans les meilleures conditions. Au mieux, il va permettre au dirigeant de passer un cap difficile. L’organisme d’aide à la création ou la banque qui a détecté une fragilité de son client propose la mise en relation avec la nouvelle plate-forme. « L’entrepreneur n’est pas obligé d’accepter. Mais nous jouons un rôle de tiers de confiance qui peut l’aider à sortir la tête de l’eau », souligne Jean-Christophe Eber. Selon Laurence Zebus Jones, directrice générale de Paris Initiative Entreprise, « autant notre accompagnement porte sur la dimension économique, autant Crésus rentre dans l’intimité de l’entrepreneur, sa vie personnelle. Conjointement, les deux peuvent l’aider à s’en sortir. »
Un entrepreneur sur trois renverse la tendance
Selon Crésus, en un an d’essai, le dispositif a eu le temps de prouver son utilité. Un tiers des créateurs suivis « ont trouvé une solution ». Reste dans les mois qui viennent à convaincre les banques de l’intégrer dans leur offre pour entrepreneurs. La nouvelle plate-forme sera opérationnelle au plan national en mars prochain. « D’ici là, nous espérons conclure des partenariats avec cinq grands réseaux bancaires qui connaissent déjà notre plateforme destinée aux ménages surendettés », espère Jean-Christophe Eber. Les réseaux d’accompagnement France Active et Initiative France pourraient aussi le proposer prochainement aux créateurs en difficulté.
Franck de CREER-GAGNER
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