Entrepreneur français aux Etat-Unis

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Un entrepreneur français aux Etats-Unis

Un entrepreneur français aux Etat-Unis

Cela fait maintenant 8 ans que je suis entrepreneur et 2 ans que j’ai créé mon activité aux Etats-Unis, à San Francisco et j’ai la chance de développer un pont entre les entreprises françaises qui veulent s’implanter en Californie et les boîtes américaines qui veulent se développer en Europe. Bref au-delà de l’auto-promotion, je souhaite vous faire part de mon retour d’expérience sur quelques points concernant l’entrepreneuriat aux-Etats-Unis.

Comme entrepreneur et comme beaucoup j’ai commis des erreurs, j’ai perdu du temps sur des choses très simples finalement car je fonctionnais avec un logiciel français dans ma tête d’entrepreneur. Je me suis aussi aperçu qu’ils avaient 4 longueurs d’avance sur nous. En fait l’origine de cette avance n’est pas spécialement les connaissances ou les compétences, car sur ce points j’ai été surpris du niveau que je croyais trouver « higher ». En fait, nous n’avons pas à rougir lorsque nous arrivons là-bas. Mais un français reste un français et nous arrivons malheureusement trop sûr de nous avec notre beau CV et c’est là que le premier mur arrive pour cet entrepreneur.

Déjà le CV, il s’en moque. En France nous en faisons l’élément le plus important. Ils te demandent ce que tu as fait, quels sont tes échecs,… Là où nous avons un levier c’est lorsque nous arrivons avec un réseau. Car les Frenchy qui vont entreprendre aux Etat-Unis ont souvent un réseau petit mais efficace. Et ça aux Etats-Unis, on adore. Ils voient surtout le potentiel que tu représentes. Donc parlez de votre réseau, prouvez que vous avez de belles connections, mais ne dévoilez pas tout car si vous donnez tout, vous ne servez plus à rien. Evidemment je grossis le trait, mais c’est l’esprit.

Donc comme un entrepreneur français, n’ayez pas peur de parler de votre idée

Être entrepreneur, c’est avant tout avoir une idée, et nous croyons souvent avoir THE idée. N’hésitez pas à en parler, ils ne vous voleront pas votre projet car ils sont presque blasé des idées qui vont changer le monde. Changer le monde dans le business est un pré-requis, c’est le minimum puisque tous les américains vont changer le monde. Lorsque vous détaillez votre idée de business, votre concept, n’en faites pas trop comme si on n’attendait que vous. Ne pensez pas qu’ils vont s’esclaffer avec un énorme « Amazing ! ». Non, souvent vous aurez un « yeah ! » poli suivi d’un blanc. La pire des réactions. Et là vous vous sentez seul et très petit.

Mais en fait il ne faut pas s’arrêter à cela car c’est une espèce de rite initiatique de l’entrepreneur. Lorsque vous aurez surmonté les premières épreuves et que vous commencerez à prouver que votre idée valait mieux que cela, ils vous considéreront pour votre pugnacité et votre persévérance. Ils aiment les personnes qui réussissent seules contre tous… Un héros !

Puis vient cette phase un peu euphorique durant laquelle vous commencer à trouver vos marques et à prendre confiance. Là se trouve deux catégories d’entrepreneurs. Il y a ceux qui continuent sur leur nuage, mais ne continuent pas longtemps et il y a ceux qui se demandent d’où va arriver la peau de banane, le grain de sable, quels sont les signaux faibles. C’est cette dernière catégorie d’entrepreneur qui ne vit pas vieux mais qui a plus de chances de s’en sortir.

Pour un entrepreneur, le plus important pour réussir ce n’est pas l’idée géniale qui va révolutionner le marché, car les plus grandes réussites ont été des choses très simples, évidentes même ! Pensez à Uber. Qu’est-ce qu’il y a de révolutionnaire à transporter des personnes à la place des taxis ? Rien, c’est toujours un transport de personnes avec des véhicules et un chauffeur. Ce qu’on a compris après, c’est que la différence vient de la mise en œuvre et de l’exécution du projet et le plus important, comment est créée la valeur. C’est ça qui fait la différence. Lorsque vous comprenez cela, votre perception d’entrepreneur peut changer.

Autre point sur le fait de partager votre idée. C’est une façon de valoriser votre interlocuteur. Ainsi vous pouvez avoir son point de vue. C’est une véritable richesse. L’avis extérieur pourra vous faire gagner beaucoup de temps. Une idée pouvant fonctionner en Europe peut être un fiasco aux Etats-Unis. C’est souvent moins vrai à l’inverse.

 Ayez l’esprit de l’entrepreneur

L’état d’esprit est ce qui fait la force des entrepreneurs américains, le « mindset ». Ils partagent beaucoup plus, l’entraide est plus importante qu’en France. C’est cette mentalité connectée et ouverte que j’ai vraiment apprécié. J’ai eu la chance d’assister à un cours à Berkeley sur l’entrepreneuriat et le leardership et j’ai vu une incroyable émulation durant ce séminaire. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’étais entré en trance, mais ce moment m’a laissé un souvenir qu’aucun cours ou séminaire en France ne m’a jamais laissé. Bien-sûr le contexte et le lieu faisait beaucoup. J’étais un entrepreneur en Californie, il faisait très beau, j’étais dans une des plus importante université, avec un prof génial, auteur, speaker, bon c’est vrai ça change de Paris VIII !

Mais je souhaite vraiment vous faire comprendre que c’est loin d’être plus simple dans cette Silicon Valley. Il n’y a pas des levées de fond tout le temps (plus maintenant), il y a plus d’échecs que de réussites, il y a plus de concurrence… mais c’est tellement plus motivant, euphorisant d’entreprendre dans cet éco-système.

Arrêtez de discuter de votre projet… Straight to the point !

En France nous adorons concevoir le projet, le problème sous tous ses angles. Il faut remplir l’espace, il faut débattre. Nous sommes trop dans l’abstrait et le conceptuel. Cette approche  Ça c’est très français. En France, on aime beaucoup discuter, analyser, conceptualiser… Ceci est très profitable pour certaines disciplines, mais pas pour l’entrepreneuriat. Votre projet doit évidemment passer par un filtre conceptuel, mais il doit être pragmatique, répondre à un ou des besoins, s’adresser directement à un marché rapidement. Comment votre projet va être rentable et quand ?

Vous connaissez le lean ? Pour l’entrepreneur, le lean-startup n’a pas été inventé en France, mais bien aux Etats-Unis, et ce n’est pas pour rien car tout doit aller très vite. Lancez votre produit, testez-le, corrigez le ensuite par itérations lorsque le marché vous parlera. Le nombre d’entrepreneurs que j’ai vu travailler pendant 6 mois sur leur projet avant de lancer leur produit. Au bout de ces six mois ils se sont rendu compte de plusieurs erreurs : Ils ont perdu 6 mois.

Ne passez pas vos journées sur Linkedin ou Facebook, un entrepreneur va voir vos clients

Nous croyons à tort que tout est sur Internet, mais si vous saviez comme souvent l’expérience utilisateur peut être biaisée. Prenez un sujet que vous connaissez et qui vous passionne. Mettez en place un sondage sur Facebook. Puis allez dans la rue et posez les mêmes questions. J’ai fait le test, c’est impressionnant. Ne croyez pas créer votre entreprise sans avoir un contact direct avec vos clients. Parlez leur, échanger avec eux, comprenez leurs besoins, ce qu’ils attendent, leurs craintes,… Ne voyez pas des emails en face de vous mais de vraies personnes. Réapprenez le respect que l’on doit à celles et ceux qui deviendront vos client(e)s.

De plus, vous pourrez comprendre le potentiel de la démarche. Cela peut vous apporter des opportunités.

Mes plus belles idées d’entrepreneur, je les ai eu lors de voyages, à la rencontre de personnes qui n’avaient pas la même façon de vivre que moi. Et non derrière mon écran d’ordinateur.

Encore une fois, il s’agit vraiment d’état d’esprit.

Ne créer pas un produit qui vous fait plaisir

Ceci rejoint l’idée précédente. Si vous manquez d’ouverture, vous risquez de mettre sur le marché un produit qui répondra à toutes ces belles matrices marketing, mais au final que personne ne voudra.
Beaucoup sont aussi tellement convaincus et aveuglés de leurs idées qu’ils pensent avoir raison contre tous. Mais votre passion est-elle monétisable ? Je pense à ce qu’on m’a appris dans ces cours de marketing : Le flop de l’Avantime de Renault qui était en fait une création d’ingénieurs mais qui n’intéressait pas le marché. Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est mon prof !

Déléguez pour mieux entreprendre

Posez-vous la question de savoir où est votre valeur ajoutée ? Êtes-vous obligé de tout faire ? Aujourd’hui, pour l’entrepreneuriat, il existe à la fois des plateformes et des applications qui vous permettent de déléguer un certain nombre de tâches. Pensez aux assistants personnels. En ce qui me concerne, mon assistante est mauricienne, je ne l’ai jamais rencontrée, mais elle m’organise et valide plusieurs tâches et cela me fait gagner beaucoup de temps.
Déléguer ou demander de l’aide ce n’est pas un aveu de faiblesse. C’est au contraire prioriser et mettre l’accent sur les points plus importants de la préparation de votre projet. Donc osez demander de l’aide. Cherchez les bonnes béquilles pour entreprendre.

Je sais qu’il existe beaucoup de littératures sur l’entrepreneuriat. C’est un vaste sujet et lorsque vous êtes vous-même un porteur de projet, il est difficile de considérer l’entrepreneuriat comme un long fleuve tranquille. Mais soyez passionné et préparé. Et si vous échouez, alors relevez-vous et recommencez. Apprenez de vos erreurs.

Je vous invite aussi à voyager, pas comme un simple touriste, mais comme un acteur de votre voyage. Allez vers les autres, envisagez un projet sur place, élargissez vos horizons et sortez de votre zone de confort.

Le problème que j’ai rencontré, c’est que j’y ai pris goût. C’est tout le mal que je vous souhaite.

Franck de CREER-GAGNER | Pour les entrepreneurs aventuriers et passionnés
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