Le savoir, c’est le pouvoir. Cet adage, dont la paternité revient au philosophe anglais Francis Bacon, considéré comme l’un des précurseurs de la pensée scientifique moderne, n’a jamais été autant d’actualité à l’heure du Web d’aujourd’hui, des réseaux sociaux et de l’application de plus en plus fréquente de l’intelligence artificielle.
Depuis quelques années on a vu apparaître de nouveaux concepts : on parle d’infobésité, de « Fomo », acronyme de »Fear of missing out », qui désigne la peur constante de manquer une nouvelle information ou un événement donnant l’occasion d’interagir socialement. Le Web, on le savait, est une source inépuisable de savoirs et d’opportunités.
Mais comment identifier ce qu’il faut choisir, lire, apprendre, croire… En d’autres termes, à quoi faut-il consacrer du temps pour apprendre et plus précisément pour créer son entreprise.
J’ai souvent vu et entendu des personnes qui passaient leur temps à lire des blogs et des magazines en ligne sur l’entrepreneuriat ou à regarder pendant des heures des vidéos sur YouTube et tout ceci sans forcément agir. Il y a eu un temps où je l’ai moi-même fait. Ce n’est pas forcément du temps perdu si vous choisissez précisément vos sources d’informations et les contenus que vous lisez ou regardez, surtout si vous en retirez quelque chose pour agir concrètement. Ce sont ces aller-retour entre la recherche d’informations, du savoir et de la compréhension avec l’action et la construction qui mettent l’entrepreneur dans une position plus solide.
Avant, pour créer son entreprise et donc savoir maîtriser un certain nombre de notions, il fallait soit faire une grande école, idéalement de commerce, soit se lancer dans le vide en apprenant de ses erreurs. Aujourd’hui, le concept de l’apprentissage tout au long de sa vie est de plus en plus ancré dans les esprits et les comportements. C’est la mise à disposition et l’accès facile des savoirs qui offrent la possibilité d’apprendre seul, mais surtout de choisir, je dirais même de piocher, les savoirs et les compétences nécessaires.
L’éducation et apprentissage de l’entreprenariat
En France, par rapport à d’autres pays comme, bien sûr, les États-Unis, nous avons un retard significatif dans l’apprentissage de l’entreprenariat même si de plus en plus de business School offrent des possibilités de spécialisation pour créer son entreprise. Mais la moyenne de ces écoles de commerce n’offrent que des études de cas encore trop théoriques. D’un établissement à un autre on retrouve encore trop les L’Oréal, Nestlé ou Apple qui ne sont pas des modèles entrepreneuriaux transposables pour de jeunes entrepreneurs.
Dans certaines universités américaines comme Stanford, Berkley ou Harvard, on y retrouve aussi ces grands enseignements théoriques mais surtout l’apprentissage par l’expérience avec des études de cas plus ciblées, actualisées sur des start-up qui proposent des Business model originaux. C’est par ces points d’entrées que l’on peut aborder un panel de savoir plus large pour créer son entreprise. Le fait de connaître l’histoire d’Hermès ou de L’Oréal est évidemment un prérequis, mais ne suffit absolument pas pour savoir créer sa start-up alors que nous sommes entourés exemples très intéressants de création, de développements, de conquêtes de marchés qu’il serait beaucoup plus utile d’enseigner à des futurs entrepreneurs.
Le monde de l’éducation a devant lui de très grandes perspectives d’évolution car il doit faire face a un monde qui change de plus en plus vite et d’une manière globale.
Les nouvelles façons d’apprendre à créer son entreprise
Aujourd’hui certains parleront de « hacker » son éducation et les savoirs nécessaires pour créer son entreprise. Ce terme désigne simplement une façon d’acquérir des savoirs, des compétences et donc des possibilités de faire, d’une façon non conventionnelle, c’est-à-dire sans passer par les voies et cursus normaux. C’est donc aller chercher par soi-même un apprentissage en utilisant par exemple les MOOCs qui se démocratisent et se multiplient aujourd’hui.
On voit par exemple des méthodes préconisant de se spécialiser sur un domaine en lisant tout ce qu’on peut trouver en lectures sérieuses sur le sujet et à l’issue s’auto-proclamer expert. Cette approche est évidemment contestable car il n’est pas possible de vérifier le sérieux et le niveau d’expertise de la personne alors que certaines expertises demandent réellement un savoir-faire profond nécessitant des années d’études et de mise en pratique. C’est donc parfois l’absence de contrôle qui peut brouiller les pistes mais en même temps peut révéler des talents qui ne pourraient pas passer toutes les étapes d’un processus classique.
Ce n’est pas pour rien que les ouvrages comme Le personal MBA de Josh KAUFMAN a connu un succès significatif venant de personnes croyant que lire une cinquantaine de livres suffisait à croire cela équivalait à un véritable cursus de MBA. Bien-sûr se pose la question de l’intérêt d’un tel cursus par rapport à ses objectifs mais il n’est pas concevable de comparer une belle bibliothèque remplie de livres avec 2 ans de mises en situation, de pratiques et de confrontations à un groupe pour créer son entreprise.
Par contre, il est possible avec le Personal MBA d’acquérir une culture entrepreneuriale importante si l’entrepreneur y met l’énergie et l’assiduité nécessaire pour absorber un condensé de connaissances contenu dans une cinquantaine de livres. La meilleure approche serait de se concentrer sur les 20/80 des savoirs à acquérir. C’est-à-dire les 20 % de savoirs qui vont produire 80 % des effets.
Dans les nouvelles façons d’apprendre seul à créer son entreprise, il y a bien sur les MOOCs, comme la Khan Academy, Coursera ou en français OpenClassRoom. Ce dernier propose aux personnes inscrites à Pôle Emploi un accès complet à tout leur contenu.
Vous avez aussi, pour les fans de Twitter, la possibilité de suivre des enseignants de MOOCs via leur comptes Twitter. Je pense par exemple à Dan ARIELY (@danariely) avec plus de 56 000 followers ou à Chuck EESLEY (@eesley) qui est l’assistant d’un professeur de Stanford dans le département de Management Science & Engineering.
Vous avez aussi des chaînes YouTube fameuses pour apprendre à créer son entreprise ou au moins acquérir une forte culture entrepreneuriale et une approche plus précise du monde des start-ups. Je pense par exemple à la chaîne YouTube de TED, StartupFood issu de l’incubateur The Family d’Oussama AMMAR ou encore celle d’Olivier ROLAND qui a écrit ce livre « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études« .
Vous avez aussi la possibilité d’apprendre à créer votre entreprise tout simplement en vous lançant dans la création et en apprenant de vos réussites et de vos erreurs. C’est une démarche plus risquée qui demande une capacité à réagir vite pour recadrer l’action. Le principe du Lean startup vous conduira à créer avec un minimum de préparation. Le principe veut que votre projet, votre produit, le service que vous vendez devra prendre en compte les feed-back de vos clients et prospects. Ainsi par itérations, vous prendrez le chemin d’un lancement réussi d’une start-up.
En conclusion même si il est de plus en plus facile d’entreprendre, de créer son entreprise sans passer par un cursus adapté, il peut être dangereux de croire qu’il est facile d’emprunter ce chemin entrepreneurial sans un socle de savoirs et de savoir-faire. L’enseignement le plus important qu’on retire de certaines écoles comme l’INSEAD, NEOMA, HEC ou d’autres université américaines est la faculté d’apprendre à apprendre, à se forger un état d’esprit ouvert, curieux et centré sur la création de valeur.
Et vous, vous savez créer une entreprise ou êtes-vous prêt à apprendre ?
Franck BRUNET
Pour les Entrepreneurs aventuriers et passionnés
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