Êtes-vous fait pour l’innovation ?

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Qu’est-ce qui caractérisent les personnes et les entreprises innovantes ?

« …Elles passent plus de temps à regarder à travers le pare-brise que dans le rétroviseur. Elles ont une vision…  » Dave Caissy

Les entreprises innovantes ont une culture organisationnelle qui favorise l’innovation et qui sont souvent à l’avant-scène dans leur secteur d’activité. Elles sont prises comme des modèles, des références par les autres. Leurs dirigeants ne cessent de communiquer à leurs employés, leurs clients et fournisseurs, l’importance de la place qui a l’innovation au sein de leur entreprise.

L’entreprise innovante fait de l’innovation la responsabilité de tous et non d’un petit groupe de personnes. Elles n’hésitent pas à solliciter leurs fournisseurs et les consommateurs qui sont souvent les mieux placés pour cibler des éléments d’innovation.

Autre facteur de différenciation : «Les plus innovantes se démarquent par l’intensité de leurs processus d’innovation, par la fréquence de leurs innovations qui alimentent le portefeuille de projets». Claude Demers.

 

Le modèle le plus souvent suivi pour l’organisation de l’entreprise et la performance de l’entreprise à court terme c’est la performance financière.  Mais la performance d’innovation contribue à la réussite à long terme de l’entreprise. L’efficacité de cette réussite à long terme pourrait dépendre des caractéristiques du manager, selon la littérature de la gouvernance d’entreprise. Se référant à la théorie de l’agence et la théorie des ressources, ces caractéristiques peuvent influencer la relation prédéfinie.

Selon Danny Miller l’organisation de l’entreprise est définie à travers ces trois dimensions : l’innovation, la prise de risque et la proactivité.   En 1982, Miller et Friesen ont distingué deux types de stratégies d’innovation : les stratégies conservatrices (en réponse aux contraintes de l’environnement) et les stratégies innovatrices (qui valorisent l’innovation indépendamment du contexte externe).  Les entreprises qui réussissent le développement et l’implémentation des idées innovantes ont à l’origine un niveau élevé d’organisation de l’entreprise. On pourrait donc considérer l’organisation de l’entreprise comme le contexte qui caractérise une organisation qui travaille pour promouvoir la créativité (innovation) et sa performance.  En d’autres termes, les entreprises qui réussissent ont tendance à soutenir et réussir leurs projets innovants.

Une des caractéristiques des personnes et entreprises innovantes c’est la prise de risques. Puisqu’innover peut comporter des risques, les entreprises ou personnes qui ont une aversion envers tout risque à prendre, ne pourront jamais innover. Des projets pouvant mal tourner, il est primordial de mettre en place une procédure de Gestion de Risque et par conséquent les disperser sur plusieurs projets. Beaucoup d’idées nouvelles sont tuées dans « l’œuf », par peur de l’échec.

L’entrepreneur, ce faiseur d’innovation, apporte le changement. Schumpeter, économiste flamboyant, a très bien décris le processus de l’entrepreneur dans un contexte d’innovation.
Cet acteur du changement participe au capitalisme en mouvement avec les ruptures, ses continuités, les différentes phases successives ou non de récession et de développement.
Ce qui caractérise aussi une personne et une entreprise innovante, c’est qu’elles s’inscrivent dans un processus de bouleversement puis de reconstruction économique. Nous entendons aujourd’hui beaucoup   le terme de « destruction créatrice ». Prenons simplement l’exemple de Uber qui vient bouleverser une corporation, un système économique figé en cassant les codes. Dans ce cas, cet entrepreneur, cette entreprise, cette innovation arrivent à un moment ou l’offre ne correspond plus à une demande qui évolue. Nous pouvons dire que l’innovation en tant que telle n’est pas importante. Elle utilise des technologies existantes sur un secteur déjà installé. Mais l’approche différente en phase avec un temps sociologique de ce besoin, prendre un taxi pour se déplacer, est par contre perçue comme une innovation.

Il est donc possible de dire qu’une entreprise innovante et l’humain n’est pas faite uniquement de technique, de brevet, de science. C’est l’intervention d’un entrepreneur, d’un individu ou groupe d’individus qui ont bouleversé des conditions de marché. Schumpeter se pose aussi la question : Qu’est-ce qu’une entreprise innovante ? Qu’est-ce qu’un entrepreneur ? Qu’est-ce que l’innovation ? Pour lui l’entrepreneur (l’homo oeconomicus) est celui qui amène une nouveauté, un bouleversement. Ce n’est pas, comme le décrit Marx, un bourgeois qui engrange des profits. Un chef d’entreprise qui a réussi avec un enrichissement n’est rien d’autre que la récompense sociale de l’entreprise et de l’innovation.

L’entreprise innovante qui apporter un changement peut être comparé à l’Art. Qu’est-ce qui expliquent les changements qu’apporte l’Art ? Les théories déterministes trouvent ici leurs limites.

Est-ce que l’innovation est un exercice plutôt individuel ou plutôt collectif ?

Un cadre innovateur est plus productif seulement s’il possède des ressources importantes, ce que seule une grande organisation peut offrir ? Ou au contraire l’innovation fonctionne mieux dans la solitude « du garage » avec des ressources limitées ? Existe-t-il une échelle qui favorise l’innovation, au-delà de laquelle la complexité commence à devenir difficile à gérer?

Dans la littérature on parle «d’inspiration individuelle et créativité collective », c’est pour cette raison que toutes les organisations qui innovent mettent en place des équipes projets. Il a été démontré que l’interaction à plusieurs permet d’aller plus beaucoup plus loin, puisque chaque membres voyant des dogmes différents à remettre en cause la solution finale est toujours bien plus robuste. Il a également été démontré que la créativité collective est d’autant plus efficace, lorsqu’elle autorise la critique.

L’origine de l’innovation est souvent le fruit d’aptitudes individuelles mis en musique et développées en collectif. Nous évoquerons bien-sûr Steve Jobs et Wozniack, Bill Gates, mais aussi d’autres individus comme Taylor. Pour la France, il y a Serge Dassault, Leclerc, Mulliez, Peugeot, Renault…

Est-ce suffisant d’être créatif et passionnée pour mener à bien une innovation ?

Il est évident que le simple fait d’être créatif et passionnée ne suffit pas pour mener à bien l’innovation, mais qu’elle entre plutôt dans le cadre d’une stratégie d’entreprise, qui doit être conduite de manière structurée et professionnelle. C’est une procédure qui suppose une approche méthodique, à partir d’une idée jusqu’à son exécution, sans pour cela devenir rigide ou bureaucratique.

Une dimension autre intervient dans ce rôle d’ « agent économique » d’entrepreneur innovant. Il doit y avoir des aptitudes individuelles. Des déterminants sociaux, culturels, psychiques. Aujourd’hui et communément, certains parleront d’hyperactivité créatrice et entrepreneuriale, de curiosité, de sensibilité, d’ouverture d’esprit, voir même de leardership (personnalité, talent,…).

 Est-ce qu’innover est à la portée de tous ?

La plupart des entreprises qui font de l’innovation sont celles qui cherchent à améliorer leurs produits/services/procès à petits pas. Le plus important est de considérer l’innovation comme une tâche permanente, planifiée et gérée tout comme les finances ou la production de l’entreprise. Les entreprises qui disposent de départements étendus de Recherche et Développement ne sont pas nécessairement celles qui sont les plus innovatrices. Cela peut aider, mais ça n’est pas la seule condition. Toute personne qui fait partie de l’entreprise doit être concernée. On peut faire la comparaison avec ce que l’on appelle le “Total Quality Management” : toute l’entreprise est concernée, dans sa totalité. Innover se rapporte également à des petites améliorations aux produits existants, services et processus et ne sera pas uniquement la tâche des gens du département R& D, mais s’adresse à tous les collaborateurs dans chaque section ou division : du service personnel, jusqu’ aux départements financier, production, service vente et clients.

Quel est le rôle de l’individu, de sa créativité, de sa passion et de son talent dans le projet de l’innovation ?

Il existe des malentendus en ce qui concerne le terme “innovation” dans le contexte d’une entreprise. Ces malentendus apparaissent comme des obstacles pour pouvoir innover.

La confusion se porte entre “ innovation” et “créativité “
L’innovation doit être vue comme la procédure par laquelle des idées amènent à de nouveaux produits/services. La créativité n’est qu’une façon pour trouver des idées nouvelles.

L’individu qui porte une innovation et une entreprise innovante est gratifié de succès aux yeux de tous. Il est intéressant de voir que ce sont aujourd’hui des héros de l’économie, des « surhommes » à la Nietzsche et pourtant complètement contraire à la vision humaniste dans le sens où nous glorifions des individualités.

L’innovation se réfère à des idées destinées à secouer le monde. Pour Schumpeter, l’action créatrice de l’innovation nécessite une intuition. L’entrepreneur doit avoir un « horizon », plus que la prévision ou l’anticipation. Il précise que « le jeu des affaires ne ressemble pas à la roulette, mais au poker », car il y a une différence entre l’individu qui va prendre un risque créatif et celui qui va se projeter dans un « horizon » inconnu et un incertain radical.

Un projet de l’innovation requiert une qualité de visionnaire, de faire du nouveau, mais aussi une énergie, des capacités à la décision une aptitude à reconnaître les facteurs du succès.

L’individu qui innove manifeste une volonté différente de celui qui imite ou improvise : Il voit, Il veut, Il fait.

Quel est le rôle du dirigeant ou du manager dans des projets innovants ?

L’engagement et la prise du risque au niveau organisationnel sont fortement liés aux caractéristiques du dirigeant de l’entreprise. L’innovation (par opposition à l’invention) est le plus souvent réalisée en équipe. Le rôle du leadership est de fournir un environnement de travail et de l’ouverture basée sur la confiance, où chaque membre de l’équipe se sent libre d’exprimer ses propres opinions. Il revient à la direction d’assurer la diversité des personnes et des idées, et de faire participer les talents à tous les niveaux, sans pour autant négliger l’importance des environnements et les tests pour évaluer la viabilité et la sécurité de nouvelles idées.

La stratégie d’innovation émane du Top Management. Il est de la responsabilité du dirigeant d’impulser les idées et de définir les buts et objectifs, sans quoi il est impossible de lancer le procès. Par conséquent le dirigeant doit avoir une Vision et stratégie claire est la base de l’innovation, avec des buts et objectifs précis, facilement compréhensible par tous les collaborateurs. L’innovation technique, les nouvelles conceptions de services, exigent un soutien important, capable de communiquer, offrant des possibilités de développement. La ressource organisationnelle, la capacité à faire coopérer les employés, est décisive pour l’innovation.  Il s’agit de susciter une coopération efficace entre les membres d’une organisation dans le cadre des contraintes techniques et économiques.

Le leader innovant doit bien choisir des collaborateurs qui pourront le suivre dans la démarche de l’innovation et non de simples exécutants confinés à leurs définitions de fonctions. Il faut s’ouvrir à la diversité, pour ne pas passer à côté des talents, qui feront le succès de son entreprise. En pratique, porter la diversité, c’est considérer différemment la diversité des parcours, des expériences, des modes de pensée, des personnalités. C’est également détecter les attitudes et comportements de curiosité intellectuelle et de découverte des candidats. Donc il faut être sensible aux personnes passionnées, intéressées par les nouvelles idées, capables de penser autrement et d’apporter des contributions. Le leader innovateur met en place un cadre favorisant les compétences, simplifiant et facilitant les connections, en permettant la rencontre des différents métiers. Il est important de considérer les collaborateurs de son entreprise, dans l’optique de faire émerger, s’exprimer leurs talents, et contribuer à les développer, les amplifier, les combiner.

Le chef d’entreprise innovante doit savoir conduire la transformation, le changement, stimuler l’énergie créatrice de ses collaborateurs, en les encourageant à poser des questions qui remettent en cause les habitudes, en leur donnant l’occasion d’observer d’autres réalités inspirantes et externes à leur entreprise.

Les employés réfléchissent et suggèrent des idées nouvelles, ensemble dans une culture d’innovation. Ces idées dites ne doivent toutefois pas constituer des menaces ; au contraire, le personnel doit se sentir confortable en apportant ces nouveautés et penser de façon créative.

L’innovation ne peut être limitée aux idées qui surgissent au sein de l’entreprise même ; l’innovation se distinguera d’autres initiatives par sa “nouveauté “ : un nouveau produit, une nouvelle technologie, une nouvelle compréhension des besoins du client ou, tout simplement, une nouvelle manière d’appliquer une technique existante dans une situation nouvelle. D’où l’importance d’être à l’écoute de ses environnements internes, mais également externes (clients, fournisseurs etc..).

L’entrepreneur qui innove, est radicalement différent dans ses motivations, son attitude et ses qualités de vision et de volonté. Il n’est pas guidé par une démarche rationnelle de gestion et utilitaire. Il est l’acteur essentiel de l’évolution économique.

Franck de Créer-Gagner